Les participants
Les Familles
Quatre familles ont été interviewées pour réaliser cette exposition. Elles viennent de Bassora en Irak, de Lagos au Nigeria, de Chittagong au Bangladesh, de Mahébourg à l’Île Maurice, de Mansourah en Égypte.
Les familles ne sont pas forcément au complet sur les photos, en raison des aléas de l’exil et du fait que les premières prises de vue datent de 2018.
Quatre séries d’entretiens ont été réalisées entre 2018 et 2021, soit 1000 photos et 50 heures d’enregistrement recueillies !
Choix a été fait, ensemble, de ne pas dévoiler les prénoms des enfants, et de brouiller les pistes, sur les parcours, les origines, que ce soit dans les photos, dans les textes, afin de proposer une forme d’anonymat, de ne pas les enfermer dans cette période de leur vie, et dans un souci de transversalité.
Delphine de Morant, Photographies
Après avoir travaillé comme graphiste et vidéaste, elle a créé sa boutique «Transfert Sur Mars» à Marseille où elle a produit une large série de collages qu’elle transférait sur toile, céramique et T-shirts. C’est avec l’impression sur plexiglas qu’elle a commencé à utiliser avec intérêt la photographie comme moyen d’expression. Tout d’abord focalisée à capter les mouvements de la nature, elle s’est tournée ensuite vers l’observation et la décomposition des mouvements des individus qui marchent dans les rues à Marseille.
« Très intéressée par ce regard décalé sur les adaptations vécues par des familles dites « primo arrivantes » à Marseille, et qui, contraintes par l’exil ont dû changer de langage, d’alimentation, de mode de vie et le futur de leurs enfants, j’ai tout de suite accepté de me joindre à ce projet. J’ai pris mon appareil photo lors des rencontres avec ces 5 familles venues des 4 coins du globe.
La plupart de ces échanges se sont déroulés chez les familles, sans préparation spécifique à des séances photos, l’idée étant de capter ces instants sur le vif, dans leur quotidien, avec leurs enfants. Nous avons cependant organisé quelques rendez-vous en extérieur, au parc Longchamp, à la Pointe Rouge et près de la Major, car nous voulions que Marseille apparaisse aussi en toile de fond. L’accueil a été extrêmement chaleureux, les échanges riches et ce sont fondamentalement les sourires et l’espoir qui ont transcendé les prises de vues.»
https://www.instagram.com/accounts/login/?next=%2Fdelphinedemorant%2F&source=omni_redirect
Clotilde O'Deyé, Coordinatrice de l'exposition et textes
Anthropologue et consultante, elle accompagne des équipes de terrain (social, éducation, logement, santé...) et des publics avec l’approche interculturelle, notamment liée à la parentalité. Elle est auteure du livre
« Accompagner la parentalité en exil : analyse et guide pratique à l’usage des intervenants », Préface de Altay Manço et Christine Barras, aux éditions Presses de l’EHESP ( 2021).
« J’ai découvert l’association Marhaban dans le cadre d’un projet sur le thème de la langue, l’interculturalité et la parentalité dans lequel j'intervenais avec Céline Bonneau (orthophoniste - FLE) auprès des bénévoles, pour les accompagner dans leurs réflexions sur ces thèmes. J’ai tout de suite apprécié la façon dont cette association accueille les personnes, de façon inconditionnelle, avec une capacité à réagir en direct lorsque quelque chose se présente, une souplesse, et beaucoup de joie.
J’ai souhaité réaliser cette exposition afin de rendre hommage à cette association et aussi montrer une image positive des familles en exil, mettre en avant leur beauté, leur force, afin qu’on ne les regarde pas uniquement sous l’angle de la souffrance. Ces familles vivent des choses terribles, la précarité, les discriminations, le déclassement, la solitude, mais, au quotidien, elles mangent, travaillent, rient, sortent, câlinent leurs enfants. Elles vivent Marseille, elles sont en mouvement. Il s’agit ici de les découvrir à travers leurs questionnements, le décalage du vécu, l’anecdotique.
Enfin, je souhaite défendre une certaine vision de la parentalité, de la culture, de l’interculturalité, partager des expériences et des réflexions ensemble, à partir d'une approche que je développe sur le terrain depuis de nombreuses années, la "parentalité située". »
Lien vers la page facebook de l'association Anthropos Cultures Associées
Lien du livre « Accompagner la parentalité en exil : guide pratique à l’usage des intervenants », aux éditions Presses de l’EHESP ( 2021).
L' association
Marhaban
Marhaban : n.m. Bienvenue, Welcome, Tervetuloa, Тавтай морилогтун, ékabô, bari galoust, mirë se vini, добро пожаловать, mishto-avilian tú…
Le travail de l’Association diaconale protestante Marhaban, d’inspiration chrétienne, vise à développer les liens sociaux par l’accueil inconditionnel, la solidarité et le partage.
Au fil du temps, Marhaban a su développer des actions répondant aux besoins des habitants du centre-ville de Marseille dans lequel elle est installée depuis son origine.
Ainsi, ses actions visent à rendre toute personne actrice de son devenir et accordent une place aux questions liées à l’exil et aux échanges interculturels.
L’association a pour ambition de prendre en compte la relation parents/enfants dans les différents espaces d’accompagnement et d’apprentissage pour favoriser le pouvoir d’agir et réassurer les compétences parentales.
C’est dans ce but qu’en 2017, elle s’est engagée dans un projet exploratoire autour de l’exil, le langage et la parentalité. L’idée de ce projet est née de la rencontre avec les familles primo-arrivantes elles-mêmes et des constats des acteurs pour la plupart bénévoles des trois principales activités de l’association :
- Les ateliers sociolinguistiques
- La permanence sociale
- Le soutien scolaire
Les sujets les plus fréquents sur lesquels les familles primo-arrivantes formulent des besoins de décryptage et d’accompagnement en lien avec l’éducation des enfants ne se résument pas seulement à la relation parents/enfants à la maison, mais s’envisagent sous un angle large : scolarité, santé, accès aux droits, mobilité, interculturalité, habitat, et épanouissement des enfants à tous les âges, de la naissance au lycée.
Néanmoins, les besoins sont différents d’une famille à l’autre en fonction de sa composition, de l’âge de ses membres, de sa trajectoire migratoire.
Grâce au soutien de l’État et de la Métropole dans le cadre de la Politique de la Ville, de la Fondation de France, et au Prix de l’Innovation de la Fédération de l’Entraide Protestante, Marhaban s’engage dans ce projet avec l’appui de partenaires spécialisés : Anthropos-Cultures Associées - Florence Lardillon et Clotilde O’Deyé ; Céline Bonneau.
Suite à cette première expérience, Clotilde O'Deyé et Delphine de Morant nous sollicitent afin de pouvoir mener des entretiens plus approfondis avec les familles ; émerge alors, au fur et à mesure, l'idée d'une exposition de photos, textes et son.
Cette exposition prend place dans la démarche toujours renouvelée d’adaptation de nos actions à partir de la participation des personnes concernées, de la volonté de mise en valeur de chaque personne.
Nous espérons qu’en donnant à voir, en se donnant la parole, nous partageons ici un peu de la beauté issue des rencontres vécues à Marhaban.
Le premier espace qui nous a accueilli en octobre 2022 et qui nous aide logistiquement
Le Parvis du protestantisme est un lieu de vie ouvert à tous, dans lequel tout citoyen peut boire un café, faire une pause, échanger, participer à des déjeuners-débats, croiser son regard avec celui des autres, participer à des évènements culturels tout au long de l'année…
L'équipe de ce lieu nous a fait confiance et a accueilli l'exposition sans hésiter, nous permettant de concrétiser ce projet et de le rendre accessible à tous, en plein coeur de Marseille.
Elle continue aujourd'hui à nous aider sur le plan logistique à chaque édition de l'exposition.
Nous la remercions très chaleureusement.
Chifo, montage sonore
Musicien, (saxophone, flûte traversière, sanza, percussions, piano) Chifo a joué dans des formations ou projet musicaux très divers (rock, soul, jazz, afrobeat, maloya, univers du cirque contemporain…). En parallèle, à ses heures perdues, il compose ses propres créations, notamment sur son fameux « Pian-harp », un cadre de piano mis à la verticale et joué à même les cordes. Aujourd’hui il est aussi technicien du spectacle, et a également développé un projet photographique autour des « traces » et de la paréidolie.
« Au départ, les enregistrements réalisés pendant les entretiens n’étaient pas destinés à être utilisés pour l’exposition, mais juste pour des retranscriptions. L’idée a émergé dans un second temps, parce que les échanges étaient vraiment riches. Quand j’ai reçu les fichiers, je me suis vite aperçu que ce serait un sacré challenge de traiter cette matière : tout le monde parlait parfois en même temps, et en extérieur il y avait tous les bruits parasites !
Mais le sujet m’intéressait, j’avais rencontré plusieurs de ces familles, alors j’ai accepté de me prêter au jeu. J’ai cherché à valoriser les ambiances, extraire les propos les plus signifiants. Et j’y ai ajouté un peu de passages musicaux afin de permettre des respirations à l’intérieur des entretiens ».